Simone Veil, la mémoire de la Shoah entre chez les immortels.
Contrairement à ce qui était annoncé le Président Sarkozy qui s'était auparavant fait excuser ( il devait se rendre ce 18 mars à Dammarie-Les-Lys pour rencontrer la famille du brigadier de police tué en service par des membres de l'E.T.A. ) devrait assister à l'intronisation de la " Grande Dame de France " comme aimait à l'appeler Madame Alain Peyrefitte. La cérémonie sera retransmise en direct sur France 3 à partir de 14H45.
Elue au 13eme fauteuil de l'Académie française le 20 novembre 2008, Simone Veil entre, le 18 mars 2010, à l'âge de 82 ans à l'Académie Française. Elle rejoindra ainsi les 5 femmes sur les 708 membres qui l'ont précédé sous la coupole depuis Richelieu :
- Marguerite Yourcenar ( en 1980 ),
- Jacqueline de Romilly ( en 1988),
- Hélène Carrère d'Encausse ( en 1990),
- Florence Delay ( en 2000) et
- Assia Djebar ( en 2006).
Celle qui était récemment consacrée comme la " personnalité préférée des Français " selon le classement édité par le Journal du dimanche a pourtant le triomphe modeste et déclarait, lors de son élection " un très grand honneur qui m’étonne encore aujourd’hui, parce que je ne vois pas les raisons pour lesquelles je me trouve dans cette situation ".
Pourtant, les portraits qui lui sont consacrés dans la presse ne tarissent pas d'éloge sur la nouvelle académicienne rappelant son parcours hors-norme de femme politique, de féministe et d'humaniste. Alors pourquoi a-t'elle accepté cet honneur qu'elle estimait ne pas mériter ? Chacun pourra y aller de son interprétation.
Sans doute, le portrait qui lui a été consacré par Ouest-France apporte-t'il un élément de réponse.
" Avec elle, c'est la mémoire de la Shoah qui entre sous la Coupole.
Elle s'est choisi une épée légère, une belle lame datant du XIXe siècle. Elle y a fait apposer discrètement sa marque, celle qui est inscrite dans sa chair et dans son coeur à jamais : son chiffre, son numéro de déportée.'78 651'. Il fut tatoué à Auschwitz en 1944, sur son bras gauche, à la descente des wagons à bestiaux plombés, après deux jours et demi d'un voyage épouvantable entre sa soeur et sa mère. Elle avait 16 ans, elle était belle, Simone Jacob, la jeune juive Niçoise. Ses amis la surnommaient Balkis, le prénom de la Reine de Saba. Balkis entrait en enfer. Sa mère n'y a pas survécu. Elle est morte d'épuisement et du typhus, dans les bras de ses filles. Son père et son frère non plus n'en sont pas revenus. Sous la Coupole, elle n'entre donc pas seule. L'accompagne le peuple des disparus. Sinon, pourquoi aurait-elle accepté ce nouvel honneur, elle qui les a tous connus ? "
J'ignore si le fait d'avoir été lauréate du Concours de la Résistance et de la Déportation pour mes écrits sur " le devoir de mémoire " influence ma vision des choses. Il n'en demeure pas moins que j'ai ce sentiment que c'est un peu de ce devoir de mémoire que Madame Veil en devant immortelle a voulu faire entrer dans l'histoire.
Pour étayer mes propos, je rappellerai cette interview accordée à un journaliste alors qu'elle se rendait à Birkenau " vous avez quittée Birkenau mais est-ce que Birkenau vous a quitté une seule fois dans votre vie ? ", elle répondait " Non, je ne crois pas ". La vidéo est visible ci-dessous. Sans doute faut-il voir là un élément de réponse.
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Credit Photo : AFP
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